Incapacités de travail en 2023 : Combien d’invalidités en raison d’une dépression ou d’un burnout ? Quel coût pour l’assurance indemnités ?

Les salariés, chômeurs, indépendants et ouvriers mineurs qui ne sont plus en mesure de travailler à la suite d’une maladie ou d’un accident (hors maladie professionnelle ou accident de travail), ont droit à une indemnité de l’INAMI pour incapacité de travail.

Voici un aperçu du nombre de personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an (en « invalidité ») en raison d’un trouble mental ou du comportement, et plus spécifiquement en raison d’une dépression ou d’un burnout. Nous chiffrons aussi le coût que cela représente pour l’assurance indemnités.

Sur cette page :

De 2018 à 2023, une augmentation de 44 % des dépressions et burnouts de plus d’un an

Les incapacités de travail de plus d’un an (invalidités) en raison d’un trouble mental ont continué d’augmenter en 2023, en particulier celles pour cause de dépression ou de burnout (+9,37 % par rapport à 2022), et cette augmentation s’avère un peu plus forte que l’année précédente.

De ceci découle désormais une augmentation de 30,9 % entre 2018 et 2023 du nombre de personnes en invalidité à la suite d’un trouble mental ou du comportement. Cette augmentation atteint 44 % lorsqu’il s’agit d’une dépression ou d’un burnout.

Le visage 2023 de ces invalidités pour dépression ou burnout

37,6 % des personnes en invalidité au 31 décembre 2023 le sont en raison d’un trouble mental. Parmi ces personnes, 69,5 % souffrent d’une dépression ou d’un burnout.
La dépression et le burnout sont les causes de 1/4 des incapacités de travail de plus d’un an (invalidité).

Les moins de 30 ans désormais touchés par le taux d’augmentation le plus fort

En 2023, la tranche d’âge des 55-59 ans compte toujours le nombre le plus élevé de personnes en invalidité pour dépression ou burnout (27.394 personnes).
Toutefois, le taux d’augmentation le plus fort touche la tranche d’âges la plus jeune, celle des moins de 30 ans (+21,6 % en un an), suivie de celles des 30-39 ans (+16 %). Jusqu’ici le taux d’augmentation le plus élevé touchait les plus de 60 ans.
Ces taux d’augmentation très élevés dans les 2 tranches d’âges les plus jeunes se retrouvent aussi bien du côté des travailleurs salariés et demandeurs d’emploi (+21,4 % en 1 an pour les moins de 30 ans) que du côté des indépendants (+30 %).

À noter : on relève aussi une augmentation plus élevée dans ces tranches d’âges les plus jeunes pour certains autres groupes de maladies (tumeurs, troubles musculo-squelettiques) de de façon beaucoup moins marquée que dans le groupe « troubles mentaux et du comportement ».

Les femmes représentent toujours plus de 2/3 des cas d’invalidité pour dépression ou burnout

Les femmes représentent près de 60 % des invalidités toutes causes confondues. Lorsqu’il s’agit des invalidités pour dépression ou burnout, ce pourcentage s’envole à 69 % des cas.
30 % des invalidités chez les femmes trouvent leur origine dans une dépression ou un burnout.
C’est aussi chez les femmes que l’on relève l’augmentation la plus forte de ces invalidités pour dépression ou burnout en 2023 (+9,6 %), avec une hausse cumulée de 46,6 % sur 5 ans de 2018 à 2023. Cette augmentation atteint plus de 78 % chez les travailleuses indépendantes.

Une augmentation de 70 % sur 5 ans chez les travailleurs indépendants

L’augmentation des invalidités pour dépression ou burnout se retrouve dans tous les statuts professionnels, mais le pourcentage d’augmentation le plus important touche les travailleurs indépendants :

+16,7 % de travailleurs indépendants en 1 an (+9 % pour les salariés et demandeurs d’emploi)
+69,59 % de travailleurs indépendants sur 5 ans de 2018 à 2023 (+42,92 % pour les salariés et les demandeurs d’emploi).

Bien interpréter nos chiffres

Ces statistiques décrivent des évolutions liées aux invalidités, à savoir des incapacités de plus d’un an.
Elles ne distinguent pas la cause des dépressions et des burnouts, qu’elle soit professionnelle ou autre.
Dans nos statistiques, le burnout et la dépression font partie du groupe de maladies « Troubles mentaux ». Nous indiquons donc aussi le nombre de personnes reconnues invalides pour l’ensemble de ce groupe de maladies. De même, nous indiquons le nombre total de personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an, toutes pathologies confondues.
Nous avons ventilé nos statistiques selon 3 critères : l’âge, le sexe et la région.
Les fonctionnaires statutaires ne sont pas repris dans ces chiffres : ils ne sont pas couverts par le volet indemnités d’incapacité de travail de l’assurance soins de santé et indemnités.
Pour une même année, le nombre de personnes invalides et le coût que cela représente pour l’assurance indemnités ne peuvent PAS être mis en parallèle pour la raison suivante :
- Le nombre d’invalides représente les personnes reconnues en invalidité au 31 décembre de chaque année. Il s’agit donc d’une « photo » de la situation à cette date.
- Le coût pour l’assurance indemnités porte sur l’ensemble des dépenses effectuées au cours d’une année complète.

Dès lors, une personne reconnue invalide au cours de l’année concernée mais dont la reconnaissance prend fin avant le 31 décembre ne sera pas comptée dans le nombre d’invalides pour cette année. En revanche, les indemnités versées pour cette personne se retrouveront dans les dépenses de cette année.

Pour l’année 2023, il s’agit de statistiques provisoires.

Combien de personnes en invalidité en 2023 en raison d’une dépression ou d’un burnout ?

En tableaux et en graphiques, voici l’évolution détaillée du nombre d’incapacités de travail de plus d’un an (invalidités) à la suite d’une dépression ou d’un burnout :

Quel coût pour l’assurance indemnités en 2023 ?

Plus de 2 milliards d’euros, c’est le coût, assumé par l’assurance indemnités, des incapacités de travail de plus d’un an à la suite d’une dépression ou d’un burnout en 2023, soit une augmentation de plus de 15 % en 1 an, et de plus de 74 % depuis 2018.

Ces dépenses comprennent l’indemnité ordinaire, la prime de rattrapage et l’aide de tierces personnes (lorsque ces 2 dernières aides sont accordées).

Voici l’évolution détaillée des coûts, pour l’assurance indemnités, des incapacités de travail de plus d’un an (invalidités) dues à une dépression ou à un burnout :

Contribuer concrètement aux défis de la santé mentale

Les soins de santé mentale constituent une de nos préoccupations et priorités majeures, qui se traduisent tant dans notre prise en charge des soins que dans la recherche de solutions spécifiques en soutien aux personnes en incapacité de travail.

À titre d’exemples :

Notre prise en charge élargie des soins psychologiques via les réseaux de santé mentale.
Pour mieux comprendre les facteurs qui influencent l'entrée en invalidité : Notre étude mettant en lumière les facteurs de risques susceptibles de prolonger une incapacité de travail pour troubles psychosociaux au-delà d’un an, réalisée en collaboration avec l’Agence Intermutualiste (AIM).
Notre étude consacrée à la méthodologie « Individual Placement and Support » (IPS) qui tend à montrer son efficacité dans la réinsertion professionnelle spécifique aux travailleurs en incapacité de travail souffrant de troubles psychiques.

Nos statistiques elles-mêmes constituent une boussole de choix pour d’autres instances et pour les décideurs. Ils peuvent s’y référer pour élaborer et orienter des politiques de santé et d’incapacité de travail ciblées et cohérentes avec la réalité du terrain, y compris en matière de prévention.